Petit bonheur numéro trois cent soixante et un : les yeux dans le vague

Ce petit bonheur là enroule ses cheveux autour de son doigt.

Il pleut sur le carreau. Il fera nuit dans une heure. Mademoiselle, le nez collé à la vitre, le dos à la cheminée, regarde les dernières feuilles faire leur valise. Elle écoute le vent mugir dans la foret.

Les yeux au loin, le coeur à la mer, la mer au bord des cils, elle se laisse porter par la mélancolie, par la buée sur les lunettes et le parapluie dans la tête. Les baleines sont de sortie. Le corset oppresse sa respiration.

Les cheveux se frise le long de l’index. Les yeux tentent de percer l’épaisse nappe encre qui tombe tranquillement du ciel. Au loin, un réverbère. Des phares. Au loin, d’autres maisons, d’autres mondes derrière des murs froids.

Les yeux se perdent. Ils ne regardent plus. Ils ne voient plus dehors. Ils ne voient plus que dedans. Les paupières ouvertes, les pupilles dilatées, ils ne distinguent plus rien que des formes, de vagues ombres. Les yeux sont opaques. La tête est ailleurs. Vers d’autre monde où il ne pleut pas. Ou bien des mondes de pluie chaude. Ou bien des collines irlandaises. Ou bien des histoires à murmurer. La tête flotte entre deux rêves, les yeux suivent les méandres du fantasques. Un vrai petit bonheur.

 

Une réflexion sur “Petit bonheur numéro trois cent soixante et un : les yeux dans le vague

  1. Bonjour,
    par quel heureux hasard, suis-je arrivée sur votre blog, ai-je lu les billets dès le premier ou ai-je raccroché les wagons au cours de janvier ? Je ne sais plus, mais j’ai été accro dès le départ, je n’en ai pas loupé un seul. Certains faisaient très écho à ma vie, d’autres étaient plus lointains, certains me faisaient dire qu’ils « sentaient le vécu », je vous voyais éplucher votre clémentine, ou mettre les mains dans la farine, préparer le pique-nique ou jouer avec votre nièce, pour d’autres je vous imaginais très différente de vos billets. Etes-vous la mademoiselle qui s’ennuie au bureau, celle qui espère que vous serez bientôt trois à la maison, ou êtes-vous déjà grand-mère ou encore célibataire et pleine d’imagination ? Vos billets ont été la respiration du jour, chaque jour, et La question commence à me tarauder : 365 jours et après : un 365 jours bis ? Je l’attends avec impatience ! En tout cas un grand merci pour tous ces vrais petits bonheurs.
    Marie-Pierre

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